Malgré la vitesse, le bleu de la mer TheOfflinePeople / N.Levieil

A ghost story, le fantôme comme malentendu de temps et de lieu Allan Kardec dans la forêt de Meudon, 1930 Annea Lockwood et son jardin de pianos, 1969 Nico & Antoine à la Factory, 1966 Atget au Chateau de Sceaux, 1925 Axl Rose, blouson squelette, 1988 Gaston Bachelard, L'intuition de l'instant Nomad Soul, un rêve quantique de David Bowie Brian Jones, Keith & Charlie, 1967 Carnyx de Tintignac. Je le vois qui hérisse ses soies, qui jette le feu par les yeux ; je perçois le bruit de ses dents qu'il aiguise contre vous Charlotte, Anaé et la fritelle Cobra chez Dream Corp, entreprise spécialisée dans les songes artificiels Colleen et sa viole de Gambe Tournage de La Créature du Lagon Noir dDamage & David Lynch DrCarlsonAlbion involving those beings of a mysterious and secretive nature Eric Judor, Wrong Cops Futuro House, Tomorrow's House from Yesterday Genesis P-Orridge, in favor ov thee unconscious, thee world ov dreams It Came From The Desert, par Gordon Douglas Jac Berrocal & Vincent Epplay John Cage, Piano arrangé, 1947 Don Quichotte qui était un rêve de Kathy Acker Keiji Haino, My Zero Is A Horse La femme sans tête, Coney Island, 1945 Leonard Cohen, Nike Air Max 180 Patricia Neal, Le jour ou la terre s'arrêta, 1951 Nile Rodgers, près des fleuves de Babylone Peter Christopherson, See the person
Who once was you Pita, Laptop, Bière Psychik Warriors Ov Gaia, Music is a dvice for unlocking states of perception Tamara Goukassova TekiLatex, Un jour peut-être Les Liminãnas, avec leur amie, Vicky Valérie Lagrange, Alors, adieu l'ange, adieu la bête
que je me retrouve un peu Vince Taylor à Mâcon, 1977 J. Mascis, The green mind said it's okay... Ceci est — un autre tympan (Hommage à Jacques Derrida) Solanum Purpureum, dit Diable Pourpre ou Morele de Balbis Algues de Galice, PL XIV. Tête de métal, Black Mirror s04e05 La Bourée d'Achille par Raoul Auger Feuillet - Recueil de dances (1709) La Prisonnière d'Henri-Georges Clouzot Umberto Eco, Vertige de la liste & la description du bouclier d’Achille dans l’Iliade Poissons des profondeurs : le Benthodesmus Tenuis, Poisson Sabre Ruban et l'Aphanopus Carbo, dit Sabre Noir Sépulcreux ou Faucheurs-du-Néant La 4ème Dimension, C'est une belle vie par Joe Dante Le Dr Pepper d'Halloween André Pousse, sans Elvis ni Lautner, 1989 Narcissus Pseudonarcissus, Jonquilles ou Narcisses Jaunes Eric Duyckaert, Ça me rappelle un peu les Situationnistes...

Booba arrive sur le plateau TV avec un grand tricycle aérodynamique noir. Il est lui même très élégant, costume, chapeau haut de forme et masque en velours noir satiné. Le tissu reflète magnifiquement la lumière des projecteurs. B2O chante une nouvelle chanson sur la Passion, et certaines de ces intonations rappellent un peu Christophe.

Mais la vraie nouveauté n'est pas là : sur internet tout le monde ne parle que de la jeune fille qui l'accompagne - appareil dentaire, haut de survet' grenade - qui lui aurait intimé l'ordre de se taire à la force d'un seul doigt pausé sur la main.

Un nouveau groupe de rock français vient d'apparaître. Instrumentaux électroniques impeccables - on y entend même des oiseaux en fond sonore - textes en français ciselés, torse mince sur une photo de pochette noir et blanc, et voix impertinentes.

Ce sont des fils de La Femme, de Bashung, de Cha cha Guitry, des Lolitas⋰ de vrais petits chérubins électriques.

Je regarde un homme étrange, sans doute un garçon sauvage, le visage maquillé comme un acteur de théâtre Nô. Il sourit largement en me montrant son violon à l'accordage atypique. Puis cérémonieusement, à bout de bras, il donne un premier coup d'archet qui fait résonner un accord sublime.

L'écho finissant, le disséquant, je me dis que ce n'est ni l'Isis de Bob Dylan, ni les trombones de Earth, ni l'Injection des Ultra Milkmaids, ni les glissando de Tamara Goukassova, ni les drones d'Henry Flynt, ni même la vielle à roue de France

Je suis au milieu d'un rond point près d'un échangeur d'autoroute désert avec Éric et la chanteuse de La Femme. Nous lui demandons ce qu'elle ferait si sa musique s'arrêtait, si toute la musique du monde s'arrêtait un jour ?

Elle me tend des baguettes chinoises et se dirige vers une borne anti-stationnement. Elle commence à chanter, les paroles me disent quelque chose mais pas la mélodie vaguement r'n'b qu'elle chantonne. Je joue avec le rebond des baguettes sur le métal et commence un rythme complexe, les baguettes font un très joli son cristallin : bois sec sur métal creux. La voix de Clémence est magnifique, elle a un flow très étrange, comme si elle n'osait pas, mais qui se rétablit constamment, les paroles⋰ je vois Éric sourire : mais c'est "Les Fruits de la Passion" de Francky Vincent!

Je regarde la devanture d'un vieux café, sous un immense pont, dans une grande ville. Il y a de nombreuses affiches d'anciennes stars de la chanson collées dessus et je m'attarde sur l'une d'entre elles. L'une d'elle est rangée dans une grande pochette en plastique : en haut il y a une photo de Céline Dion (photo bougée ou elle baisse la tête. Elle porte une robe en soie bleue avec un collier de perles nacrées à son cou) et en insert on voit un grand carré de moquette aux larges tresses de velours brun.

La patronne me dit que c'est sa plus grande fierté : un exemplaire d'une œuvre d'art de Céline Dion, dédicacée par elle (elle me montre du doigt la grande signature au feutre noir) lorsqu'elle était venue à l'improviste chanter quelques chansons, il y a déjà presque 20 ans, dans ce lieu mythique et quelque peu oublié.

Avec quelques amis nous résidons dans un Concept Hôtel qui loue les chambres d'un ancien hôpital psychiatrique.

Dans l'une d'elles, je trouve un cd, que j'insère immédiatement dans un lecteur : un riff de basse électronique incroyable en surgit. Je réfléchis à l'idée de me faire toute une collection de cd rayés, grattés à la spontex, attaqués à l'acide ou surchargés de vernis à ongle.

Juste après avoir vu le film "Sid and Nancy" d'Alex Cox, je regarde le journal télévisé : à l'écran une femme bourgeoise, collier de perle, robe stricte, quelques rides marquées, raconte qu'elle a assisté par hasard à un des premiers concerts de Michel Berger, il y a 21 ans, ici à la Coupole.

Son mari précise : j'avais invité ma femme pour nos fiançailles et Berger se trouvait dans la salle, mais il était alors inconnu. Au cours du dîner, un peu avant le fromage je crois, on a vu un jeune homme se lever, traverser la salle et s'installer au piano. Ce n'est que beaucoup plus tard que ce souvenir a pris toute sa valeur.

Nous sommes dans une grande maison avec quelques amis. En face de moi une jeune Mariah Carey très nineties - haut de maillot de bain bleu à liserés rose, paréo blanc enroulé sur les hanches - est assise dans un canapé et caresse les cheveux d'un jeune homme à la tête posée sur ses jambes. Elle me regarde de façon provocante, je m'approche et je l'embrasse à pleine bouche.

Lorsque mon Uber s’arrête, je suis surpris de voir Olivier Cachin à la place du chauffeur. Je vais justement acheter un nouvel ampli de guitare. Sur le chemin je lui demande si c'est une reconversion, il me dit que non, mais que ses piges ne lui suffisent plus pour vivre, et que ce boulot de chauffeur lui fait un complément appréciable.

Je lui propose de m'accompagner dans le magasin de musique qui se trouve dans la grande bâtisse à l'orée du bois. Je cherche un ampli Orange mais je ne trouve que des copies bas de gamme. La nuit arrive et le magasin se vide un peu trop soudainement. Paniqué je cours dans les couloirs suivi par Cachin. Au dehors, sous arrivons dans une clairière plongée dans l'obscurité. Le faisceau de la lampe de poche revèle un trou fraîchement creusé. Une bête, une sorte de zèbre semble se débattre pour en sortir mais lorsqu'il remonte enfin, il tombe en morceau comme découpé par un couteau invisible qui sépare chacun de ses quartiers. L'horreur est à son comble lorsqu'un visage blême aux yeux clos, les paupières recouvertes d'une cire jaune apparaît dans le halo, bouche béante émettant des gargouillis infâmes. Du trou sort progressivement un vampire la tête secouée de spasmes et le corps couvert d'un habit de soie bordeaux.

Nous courons aussi vite que nous pouvons en direction de la voiture de Cachin ; j'entends les pas du vampire qui se rapprochent ; nous sommes juste devant la voiture ; je touche presque la poignée de porte ; je panique quand je comprends soudainement que je n'ai pas les clés. J'essaye de semer le vampire aux yeux clos en courant autour de la voiture quand je sens soudain ma gorge se déchirer.

Je suis pas mal déstabilisé lorsque j'apprends que Thurston Moore vient de se mettre en couple avec Britney Spears. Britney affirme que son amour est sincère, qu'elle a toujours aimé Sonic Youth et les anti-solos de Thurston. Elle montre pour preuve sa casquette noire et son t-shirt blanc nineties.

Je pense à Kim Gordon et aux tenues de scène un peu trop étriquées de Britney.

Je suis à table avec Kathy Acker, elle est juste à ma droite. Peut-être au Château d'Hérouville. Je l'aborde, un peu intimidé. Don Quichotte qui était un rêve de Kathy Acker est un livre qui m'a profondément marqué.

Je revois la couverture jaune, je lui dis. Ses yeux s'allument, elle sourit. Je me lance : votre style tout en rupture⋰ Elle fronce légèrement les sourcils: mon style est plutôt classique⋰ J'essaye de me rattraper et j'en fait un peu trop dans l'admiration. Je lui dit que c'est une des premières écrivaines féministe radicale que j'ai lu et que ça a été une révélation.

J'ai plaisir à bavarder avec elle et je pense à Lydia Lunch et à Virginie Despentes

Je suis avec Michel Magne au Château d'Hérouville. Il me fait visiter les studios, on parle technique d'enregistrement. Dommage que le reste de mes souvenirs se soit perdu dans le rêve suivant.

Sauf les rideaux de velours rouge délavés.

Je cherche encore et encore. Je n'arrive pas à retrouver un exemplaire de mon livre sur Bill Drummond pour le donner à JD Beauvallet. D'ailleurs je vois bien qu'il est sur le point de partir.

J'essaye de le retenir encore un peu⋰ Attendez il doit être ici, il m'en reste au moins un. Ah non. Mais je ne vous en avais pas envoyé un exemplaire, non ? Parce que j'aimerai beaucoup avoir votre avis⋰

Attendez⋰ je vais le retrouver, c'est sûr.

Je regarde Seth Gueko avec méfiance quand il couvre sa bouche avec sa main squelette.

Il me montre ses tatouages mystiques et devant ses yeux perçant, des cercles couverts de chiffres tournent, comme les disques de combinaison d'un coffre fort.

Je participe à un concours de chant. Je sais que j'ai peu de chances, mon registre vocal est trop limité, mais j'ai une idée originale à laquelle je me raccroche. Je suis le dernier à passer. Ça va être mon tour, je stress un peu, je n'ai pas assez répété. Il va falloir improviser⋰

Je m'approche du micro. Il est très beau avec son métal chromé recouvert de tissu tendu. Je fais signe à l'opérateur pour qu'il lance le cd que j'ai préparé.

L'instrumental commence. Quelque chose de déconstruit et dansant comme Nicolas Jaar, Boots ou Elias Grind, se fait entendre. Je m'approche du micro et lance une note très haute, presque juste, suivi d'une prise de souffle involontaire que je stop aussitôt, pleine de reverb⋰

Je sais ce que vais faire : alterner des bruits de bouche, des souffles, des sons parasites et des notes mélodiques tenues très haut. Démons et merveilles : les ordres et les désordres des mélopées instables.

Dans le port de Corrioule un dimanche soir d'octobre, il fait encore beau. La nuit est tombée et les lumières du fort se reflètent sur l'eau. Avec Laure j'entends quelques notes d'un instrument en écho. On dirait une sorte de flûte, une mélodie aiguë à la provenance difficilement identifiable : bretonne et parfois arabisante.

J'aperçoit les arches des remparts mais la réverb est trop forte pour leur petite taille. En nous rapprochant on voit un gros monsieur, la barbe hirsute, les yeux noyés sur l'horizon, qui souffle dans son harmonica, un petit ampli Vox à ses pieds. On passe devant lui mais je ne suis pas sûr qu'il nous ait vu.

Sur le chemin du retour après avoir retrouvé les enfants et Charlotte au pieds des murailles du fort, nous passons une tour et le son de l'harmonica en écho revient : on dirait les notes de Let it be, infinies, marines.

Je viens d'acheter le dernier album des Liminãnas. Je regarde au dos de la belle pochette argentée et je suis surpris de voir mon nom dans les remerciements : je ne me souviens ni d'avoir participé à l'album, ni de les connaitre personnellement.

J'en parle à mon frère qui est tout aussi surpris que moi, d'autant que le message de remerciements est très cryptique. Il indique quelle typo a été utilisée sur la pochette, le mot "anticyclone", ensuite mon nom, puis enfin le message qui fait allusion au prêt de notre amiga à leur guitariste⋰ J'en parle également à Charlotte, qui intriguée convoque immédiatement un tribunal pour tirer cela au clair.

Pendant l'audience un étrange témoin est appelé à la barre : sa perruque blonde laisse voir quelques mèches orangées et il porte une barbe postiche faite d'herbe séchée⋰ Il est en train de bredouiller quelques phrases d'explication peu convaincantes quand Charlotte avance et lui arrache ce masque grossier : deux grands yeux pleins de mascaras et une belle chevelure rousse apparaissent. C'est la chanteuse des Liminãnas !

Hier soir et ce matin j’ai croisé Jean Louis Aubert dans la rue. Hier il chantonnait, et ce matin il a un bonnet en laine noire un peu trop grand qui lui tombe sur son nez un peu trop fort.

Devant le restaurant SIMPLE il parle à voix basse au laveur de vitres, tous deux regardent à l’intérieur avec des airs de comploteurs : « …mais si tu veux je vais leur parler ? »

Une large pièce s'ouvre devant moi. Des globes lumineux pendent du plafond, et touchant quasiment le sol, produisent un éclairage vert par réfraction qui ajoute à l'impression de lévitation, d'architecture suspendue.

Il y a peu de monde à l'intérieur : je reconnais le violoniste de Tuxedomoon, James Plotkin et quelques personnes de Radian. Tamara Goukassova est assise à coté de Sébastien Roux et ils boivent des Mojito à la paille, agitant parfois leurs verres pour remuer les feuilles de menthes prises dans la glace pilée.

Je m'assois à la table la plus proche. Une troisième personne vient de les rejoindre. J'entend des bribes de conversation "⋰Missy Undertone, et vous ?", un long crissement métallique m'empêche d'entendre la suite. Le son s'adoucît mon regard glisse sur les murs blancs couvert de graph' noirs.

Derrière le barman, un immense tableau affiche les prix des consommations, et je suis surpris par le nom de l'endroit : Le Green Violonite Club

Belmondo est allongé nu sur le sable dans une photo couleur, bougée. On le reconnaît à son sourire. La tête légèrement relevée il regarde sa bite turgescente dans une main de femme.

Contre lui est allongé une belle blonde qui doit être Bardot. Elle sourit également. Ils sont magnifiques, tous les deux, dans cette photo volée.

Dans l'espace librairie d'un supermarché, Bill Drummond, chemise et pantalon en jean, me sourit. Je le félicite pour #WelcomeToTheDarkAge et lui dit mon regret de n'avoir pu y assister. Il ajoute quelques mots puis s'éloigne.

Drummond écrit dehors sur une table à dessin gris clair. C'est la nuit, le sol est recouvert de neige mais il ne fait pas froid. Un projecteur l'éclaire d'un halo jaune. La liste des questions que je souhaite lui poser est projetée avec un laser rouge dans la neige, j'essaye de la relire, mais les items n’arrêtent pas de trembler et changent constamment. Ça me frustre de ne pas savoir formuler correctement mes questions en anglais.

Dans une pièce blanche, une collègue présente deux photos en noir et blanc de grande taille sur une table trapézoïdale grise : sur la première on voit un demi camembert sur fond blanc en contre-plongée, et sur la deuxième, une sacoche de protection pour appareil photo dont le cuir blanc a rosit sur les bords et les coutures. Je propose de photoshoper le demi camembert pour que sa courbe soit plus régulière.

Drummond à l'air heureux de la suggestion.

Je suis avec TekiLatex. On a une discussion sur le sample. Je lui soutiens que c'est une grande invention, un moment important de l'histoire de la musique, un marqueur générationnel, le notre, la base du hiphop, mais il me fait comprendre qu'il est passé à autre chose, que ça ne l'intéresse plus. J'avance un nouvel argument, qui à l'air de le convaincre un peu plus⋰

Il m'invite à New York. Depuis son appartement on voit le dernier étage de l'immeuble d'en face : une magnifique mosaïque art déco orne les façades en escalier. Ça sonne à la porte. C'est Grems qui vient d'arriver. Je me retrouve à table entre Tekilatex et Grems en train de tirer une latte sur un bang improvisé dans une bouteille de Cristalline. "Vous êtes sûr que c'est pas trop fort?" Je demande en tirant une mini latte⋰ "parce que j'ai pu trop l'habitude."

Je suis à vélo sur une petite route de campagne au soleil couchant. En passant un virage, j'entends un bruit électronique fort et très inhabituel. Je me retourne. On dirait que quelque chose de grande taille vient de se dissimuler dans le petit sous-bois que je viens de passer. Je commence à paniquer et à accélérer. La nuit est là. J'essaye d'aller aussi vite que possible. J'entends des voix et d'autres' sons étranges - des sortes de communications radio défaillantes - dans les arbres bordant la route. Cette fois j'en suis sûr il s'agit d'extraterrestres. Je pédale plus vite. Deux silhouettes émergent de la pénombre et se rapprochent. Je pédale plus fort mais ils gagnent encore du terrain. Les communications synthétiques menaçantes continuent. Mais ce ne sont plus des extraterrestres qui me poursuivent. Ce sont maintenant deux hommes à vélo.

Je reconnais l'un d'eux : il s'agit de Bernard Pivot. A coté de lui une future star du livre en veste de tweed. Je suis terrifié.

Dans la bibliothèque d'une petite ville qui donne ses anciens livres, je vois Sébastien Roux fouiller dans la pochette contenant des partitions graphiques que j'ai mis de coté.

Je m'approche de lui et par dessus son épaule je regarde les pages qu'il feuillette. La plupart ne me semblent finalement pas très intéressantes et je suis en train de me dire que je vais lui laisser les prendre, lorsque je vois une magnifique partition de Luc Ferrari construite en forme de spirale avec pleins d’annotations cryptiques dessus.

Iggy pop est assis à coté de Thierry Ardisson à l'angle de la grande table d'un plateau TV. Iggy est très élégant dans son costume noir et blanc. Il parle très bien français avec un léger accent américain, et, d'un regard plein de malice, il évoque une de ses chansons.

Ardisson le reprend parfois sur quelques tournures de phrases, en surjouant le pédant érudit face à Iggy l'ingénu.

Je me dis que leur duo clown noir / clown blanc fonctionne à merveille.

Nous sommes dans les coulisses de l'Opéra de Sydney, Nico, Charlotte & moi. Face à un écran de télé interactif, je lance un morceau de musique funk constitué de samples assemblé par Jimmy Cauty. Je fais remarquer à Nico que le gimmick de basse est issu du Doowatchyoulike de Digital Underground. Le morceau est excellent.

Puis à l'écran on remarque plusieurs scrolling différentiels qui se succèdent, chacun constitués de cactus pixelisés, de canyons, de creux aux couleurs de tequilla sunrise, ondoyants le long de la route d'Out Run dans un coucher de soleil très Miami Vice.

Un petit explorateur, short, tunique et casque beige clair, court du bord droit vers un monticule au centre de l'écran. Lorsqu'il commence à l'escalader, les couleurs se désaturent brusquement pour basculer vers un grain vidéo très cru. Bill Drummond nous regarde et apparaît juste devant nous :

"Désolé de ne pas être venu hier" me dit il (il fait allusion au déménagement du Garage Automobile de mes parents).

"Pas de problème" je lui réponds, un peu gêné, en pensant qu'il n'allait tout de même pas venir de Liverpool pour nous aider à porter des moteurs, des cardans, des freins et des boites à vitesse.

Je suis avec les fréres dDamage. On se feraient bien un jeu sur la console que je viens de racheter, mais ils ne veulent pas jouer à Bob l'éponge.

Je leur cherche un autre jeu mais il ne démarre pas. A la place ils me donnent une vidéo qu'ils viennent de réaliser. J'insère la VHS : ils font du skate sur des boites à chaussures en zigzaguant autour de crottes de chien de toutes sortes, ce qui semblent beaucoup les amuser.

Mes yeux sur posent sur les piles de CD rangées par années. Celle de 2001 est vide. Charlotte ne sait plus ce qu'ils sont devenus⋰ elle les a peut être jetés.

⋰en fait il en reste un : un CD rom de Matt Pokora. On le démarre. Son visage en 3D très polygonée apparaît, avec quelque chose de la pochette de "Golden Age" de Woodkid.

En cliquant sur différents boutons, on fait défiler des coupes de cheveux un peu ridicules, un peu comme un portrait robot⋰ celle qui nous amuse le plus à une grande mèche emo qui descend jusqu'au menton. On lui rajoute deux plumes, à la Christophe Mae, et aussi deux petites dred avec des perles en plastiques, sur l'oreille et la nuque. Ça nous rapproche.

Je m'éveille d'un premier rêve avec une chanson de Johnny en tête. Elle est complète - les paroles et les accords résonnent encore dans ma tête - et sonne comme ses meilleures chansons de la fin des années 60 : agressive, incisive, avec de nombreux cuivres.

Je me souviens aussi d'avoir lu un poème de la période beatnik de Brassens (beaucoup moins probable) : "le cercueil, la cage thoracique et la mort"

Je regarde un flyer préoccupant aux tons violets monochromes : Jean Luc Petitrenaud déguisé en bébé Tex Avery - avec tétine en plastique, langes en tissus et grosse épingle à nourrice - pose à gauche de Patrick Sébastien.

Au dessus d'eux je lis : "Patrick Sébastien et Jean Luc Petitrenaud au gala de la chanson". Tout en regardant les infos pratiques, je me demande si je suis disponible aux dates indiquées.

Charlotte, enroulée dans un drap de bain, est assise sur un coussin parmi un petit groupe de personne installées en tailleur sur un grand tapis. A coté d'elle il y a Mr Oizo qui tire sur sa serviette. Il est insistant, Charlotte n'est pas contente, elle veut changer de place mais quand elle se lève, il fait tomber sa serviette, et se retrouve nue au milieu de la pièce.

Je suis furieux et je m'approche de lui. Je commence à l'engueuler, et son air narquois m'agace encore plus. Me reprenant un peu, je le gifle sèchement, les doigts bien tendus pour que ça claque fortement sur sa joue. Je distribue la même à son collègue qui se marre juste à coté.

Un peu plus tard, l'incident passé, il me fait visiter sa maison et nous sympathisons. Il habite à 200m de la Porte de Clignancourt. Il me fait écouter son nouvel album que je n'aime pas trop, mais je le complimente pour son dernier film et la discussion s'engage. Souhaitant s'excuser il me fait un beau dessin, solaire, à la craie grasse avec des tons orangés, jaune, rouge, marron, et y note ses coordonnées : adresse, email, et tél pour que nous restions en contact. Je lui fait remarquer que son numéro de téléphone noté en orange sur orange est peu lisible. Il repasse les chiffres en appuyant davantage : 06 52⋰

Jean Louis Aubert est assis sur un banc, rue de Bérite, juste à coté de l'immeuble échafaudé qui attend son nouveau toit. Il est entouré de quelques personnes installées sur des chaises de camping.

De profil sous la lumière d'un réverbère verdâtre il porte une chapka en laine polaire, et parle à la dame en beige, une sorte d'ex Banger Sisters, qui boit souvent du champagne le soir en parlant fort.

Je me retrouve dans la chambre froide d'un abattoir. Ma veste noire se couvre de gel à mesure que j'avance dans les grands couloirs qui se transforment en labyrinthe mappé, à la Wolfenstein 3D. Je me perds de plus en plus, puis j'arrive finalement dans le repère du "Cinglé" (réminiscence du visage d'Aphex Twin). Je me retourne, il est juste derrière moi.

Je le frappe avec un extincteur, mais doucement, juste pour l'étourdir, pas pour lui fracturer le visage.

Je suis dans une immense pièce qui se reconfigure sans cesse ou circulent des voitures de courses. Dans un coin, à une table, sont installés John Balance & Peter Christopherson de Coil. Ils sont habillés comme dans leur photos de 1985 et pour je ne sais quelle raison, ils ont l'air malveillants. Un de leurs émissaires arrive. Il porte une cagoule noire d'où émerge un regard mauvais et fait tournoyer des sabres devant lui.

La pièce se reconfigure à nouveau, s'étire en hauteur, des paliers se déplacent et les voitures de courses s'éloignent dans une sorte de grand huit composé d'escalators et d'étages. Une maison à l'apparence de centre commercial ou de fête foraine.

J'ai passé une bonne partie de la nuit à arpenter les sous sols et les souterrains de Paris afin de trouver l'entrée secrète menant au concert des Stooges. On est en 1970 et nous faisons partie du mouvement qui refuse de payer pour aller voir les concerts.

Notre entêtement à vouloir trouver l'entrée secrète nous conduit à traverser plusieurs musées, des sortes de catacombes et de nombreux autres lieux⋰

Je joue dans une pièce à demi obscure avec un groupe de musiciens berbères de la musique minimale répétitive à la Terry Riley. On répète une note à l'unisson pendant plusieurs mesures puis soudain on introduit une brusque variation (sur les audiogrammes les courbes unies se séparent chacune dans une direction différente avant de se rejoindre).

Je me souviens surtout de l'effet sonore produit par le piano, un doigt heurtant de façon obsessionnelle une même touche (Now i wanna be your dog avec John Cale) avant que le pianiste ne déploie son jeu sur l'ensemble du clavier, le faisant onduler dans de magnifiques vagues qui tordent les accords, montant et descendant en même temps.

Je suis dans un relais de chasseur couvert de crânes de bêtes à cornes, de fusils et de papiers peints vieillissants. Deux personnes, des sortes d'Hunter Thompson, petits, chauves, avec des lunettes aux verres fumés et des t-shirt camouflage, rangent des livres éparpillés au sol.

Je m'approche de l'un d'eux. Derrière lui un petit escalier en bois descend au sous sol. Il prend un livre et me montre la couverture. On y voit un type à moustache, torse nu, avec des lunettes goutte d'eau, un bandeau et des cheveux bouclés noirs. La composition s'avère être un parfait mélange entre l'affiche de Rambo II et la pochette de Zeigenbock Kopf, avec les noms de différents écrivains gravés au couteau sur le torse du type.

«Mais c'est Dashiell Hedayat !» je m'exclame. «Ouais» répond Hunter, «⋰et je le connais» (sourire complice). Je lui explique que j'ai longtemps cherché à le contacter sans succès via son myspace pour lui proposer une collaboration musicale.

Je clique sur une vidéo YouTube. A travers les bavures d'un VHSrip, je vois Kurt Cobain et Chris Novoselic, live sur un plateau télé. Ils sont habillés comme dans 1991, The year that punk broke. Kurt porte son 3/4 en cuir noir avec son jean déchiré et probablement un t-shirt blanc. Devant eux au clavier est assise Mireille Matthieu, et elle chante La vie en rose d'une voix incroyablement belle, comme dans ses chansons pour Ennio Morricone.

Le son rugueux et lent de Nirvana s'accorde merveilleusement bien avec la voix aérienne de Mireille.

Une jeune femme aux cheveux longs va attacher un doberman à une très longue chaîne qui soulève de la poussière quand le chien se jette en l'air jusqu'à s'étrangler. A coté il y a une grange en bois, comme celle de la pochette de l'album Hex par Earth. Le chien grogne, sa maîtresse lui demande de se taire.

Elle a tord, le chien est en train de lui rendre service en tenant à distance les infectés tapis dans l'ombre.

Dans une voiture assis à coté de Laurent, je lui raconte le concert de Sebastian + Costes + Noel Akchote. On chante ensemble : «Où sont passé les nazis ? Papa dit moi⋰».

Puis je lui prépare du riz, mais après l'avoir égoutté, je le renverse sans le faire exprès dans un cendrier. Je le sert quand même et Laurent me montre le riz constellé de cendres. Tout est fichu, il va falloir que je remette de l'eau à bouillir.

Je suis avec Bill Drummond dans un appartement plein de pénombre ensoleillée. Bill est installé à une longue table blanche. Quand j'avance ma main pour lui dire bonjour, il ne décroise pas les bras et me lance un regard froid. Je suis un peu déstabilisé. Puis je remarque que sa main droite est en fait une petite patte de lézard, verte et jaune à l'intérieur, squameuse et bizarrement articulée, presque une patte de T-Rex.

Pendant qu'il me regarde, elle bouge doucement, animée d'une vie propre. Je me dis que ça doit être ça le secret de son talent. Et c'est cela qu'il protège de ses bras croisés et de son regard scrutateur.

Devant l'étal d'une boucherie, je regarde un plat de tripes. Puis j'hésite entre des rognons et un petit salé, mais il parait très gras.

On m'emmène dans un dédale de couloirs pour me présenter à différents «Boss», que je dois «passer», comme dans un jeu vidéo : Justin Bieber sera le premier, facile. Puis suivront Lemmy et un inconnu au regard par en dessous, mais lorsqu'il chante je le reconnais immédiatement «Hey, hey, mama, said the way you move⋰ Gonna make you sweat, gonna make you groove.» Compris.

Le dernier sera le plus difficile : j'attends devant une porte blanche de science fiction, genre Star Wars. La porte glisse lentement et apparaît alors Lou Reed habillé en "Baron Bleu" (les habits du Baron Rouge de Street Fighter, mais dans des teintes bleutées). Sa grande cape noire flotte derrière lui, ça va bastonner..

J'ai révé de BretE. Prononcer Bret-"E", à l'anglaise. Et entendre aussi Bret-"T".

Le «E» est calligraphié en blanc sur fond noir, d'une écriture déchirée. C'est un ancien musicien de Ministry

Je suis dans une grande pièce blanche, rectangulaire, au bord d'un lac : l'ancien appartement de Bill Drummond. Bill est parti depuis quelques temps déjà, mais une caisse remplie de dessins est restée là. Je fouille dedans et j'en sors un :

sur le papier vieillit, on voit un dessin d'architecte aquarellé qui représente une tourelle à la toiture verdie. C'est un château éclectique, comme ceux d'Horace Walpole ou de Viollet le Duc.

En bas à droite il y a une date : 1836. Je réfléchis tout en regardant le dessin. Je crois que je vais le garder pour moi.

Prince pointe un revolver sur moi, les yeux mouillés de larmes. Il ne plaisante pas.

"Qu'est ce que tu faisais dans ma chambre ?". J'ai envie de lui répondre que c'est plutôt la chambre que nous lui louons mon frère, ma mère et moi, celle de notre grande maison surplombant les calanques de Marseille, mais je préfére ne pas le contredire.

"On est allé sur la terrasse pour voir la mer, c'est tout, je t'assure⋰" j'entends mon frère et ma mère et le répondeur téléphonique de Prince, un peu plus loin, près des grands rideaux blancs flottant dans la brise du soir. J'essaye de détourner son attention, de le calmer.

"⋰et le répondeur, tu l'as écouté ?" ajoute t'il en me fixant droit dans les yeux et en agitant son flingue, l'air encore plus menaçant⋰

"tu sais les répondeurs c'est⋰ je suis passé à coté, le voyant clignotait, j'ai machinalement appuyé dessus⋰ mais j'ai pas vraiment écouté". Du bout de son arme il me pousse dans une chambre.

Dans un appart avec Eric, Gérard Baste et ses potes : on picole, on fait les andouilles et pour amuser tout le monde je prends un téléphone et compose le numéro du Père Noel que je viens de trouver dans magazine.

Passé quelques messages automatiques je commence à avoir un doute : et si c'était bien le vrai Père Noël que j'avais au tél ? Le doute s'installe lorsque Gérard Baste me fait comprendre que ma note de téléphone, avec tous les renvois d'appels passant par l'Australie, Hong Kong et l'Autriche, risque de me ramener vite fait à la réalité⋰

Dans une fête privée, j'arrive à approcher Bowie. Il parait souriant et affable. Cheveux blond roux période Let's dance, costume blanc, chemise noire, foulard mauve et un chapeau noir. Il me dit qu'il a déjà écouté le premier album d'etereo expandEum Club, ce qui me parait très improbable.

Il fait écouter son dernier album en avant première. Je le complimente et j'ose une remarque : est ce que les textures de l'album ne sonnent pas un peu comme celles de la bande son de Nomad Soul ? Il acquiesce.

⋰et si nous devenions son Matmos ?

Il fait nuit. Par terre je récupère un document enroulé que je lance contre la façade d'un building. Le parchemin se plaque comme une affiche au mur et scroll vers le haut comme une page web. J'essaye de le retenir. Le papier se tend, une force énorme l'attire vers le haut, et menace de le déchirer. Je suis sur le point de lâcher quand le ciel noir s'ouvre et apparaît William Burroughs.

Il enroule le parchemin et souriant, me le tend.

Je marche avec Katerine. Il a l'air embarrassé. Je lui demande si Julie est souffrante, il me dit qu'elle n'est pas au mieux. Je voudrais l'aider, mais j'ai du mal à le faire parler. Il est sur la défensive : longs silences, sourire énigmatique un peu crispé.

Je lui demande si il est mal à l'aise à cause de l'interview de Laurent Ruquier de samedi dernier, et des questions idiotes de Yann Moix

Nous continuons à marcher. Une brume légère monte autour de nous⋰

Je suis à table avec Prince, François Hollande et 2 autres personnes, dans un restaurant très snob. Notre table est à l'écart, séparée par un piano et quelques plantes grimpantes. La discussion est un peu froide : quelques banalité sur l'art et la création, entre Prince et Hollande. Prince est en train de nous parler de son amour de la crème glacée à la vanille quand des officiels viennent prévenir le président qu'il se passe des choses à la frontière. Le président s'excuse, il doit s'absenter.

Nous restons avec Prince devant nos crèmes glacées. Comme je n'aime pas trop ça, je pense lui faire plaisir en lui proposant la mienne. J'avance ma coupelle et je m'apprête à la renverser dans la sienne, lorsque j'aperçois son air horrifié : son aversion pour le contact et les germes me revient à l'esprit. Je suis embarrassé et je bredouille quelques excuses. La conversation se bloque. Heureusement Hollande reviens, souriant.

Il relance Prince de quelques phrases aimables, la tablée se détend et j'admire cette faculté de savoir dire les bonnes choses au bon moment.

Près d'un grand canapé carré en skaï marron, je regarde du coin de l'oeil Kim Gordon au milieu des invités. Il y a pas mal de monde pour une fête en plein après midi.

Je cherche son regard. Je sais qu'elle est depuis quelques temps avec Laurent, mon ami d'enfance. Nos regards se croisent. Elle me sourit. Je m'avance. La conversation, d'abord un peu gênée, s'ouvre progressivement, on évoque de vieux souvenirs, des complicités passées. Je pense encore à elle, mais je sais qu'elle est heureuse avec Laurent. Je la quitte en souriant, malgré que⋰ mais je ne veux pas interférer dans leur bonheur.

J'ai croisé Depardieu hier en fin d'après midi rue du Cherche midi. Il sortait de chez lui avec un casque de scooter sur la tête en gueulant : "J'vais chez le boucher !"

La porte se referme derrière lui, au dessus on voit la demi rosace avec ses rideaux suspendus dans le vent. "Roooo elle m'entend pas⋰" il ajoute en rangeant des affaires sous la selle de son scooter.

Un peu plus tard, je suis avec des potes, dylo, nico surement, mon frère peut être, et j'essaye d'imiter Depardieu qui dit "Rooo elle m'entend pas". Mais je n'arrive pas à le refaire avec la bonne intonation. Faudrait peut être que je le fasse comme Didier Gustin ?

Avant le début du concert des Ultra Milkmaids à l'OPA Bastille, je retrouve Yann et Rodolphe en train de parler avec un grand type aux cheveux noirs, qui à l'air timide et sympathique : Michka Assayas.

Nous échangeons quelques mots en sirotant notre bière.

A l'exposition Martine Franck, je regarde les photos d'une digue ou de draps qui sèchent sur de longs fils à linge. Quand Françoise me tire par le bras avec insistance en me disant : regarde c'est l’actrice connue, là⋰ oui tu sais. Je mets quelques temps à reconnaître Mélanie Thierry dans son grand trench clair et ses stan smith un peu foutues. Je me dit qu'elle est très belle tout en détournant le regard de trois personnes âgées disposées dans une maison de retraite au sol à damier noir & blanc. Il y a aussi son mari, le chanteur⋰ Raphaël ? La silhouette qui s'est faufilée dehors quand nous sommes entrés ?

Je suis dans une maison dans le sud de Paris, où Rodolphe des Ultra Milkmaids a organisé un barbecue. C'est l'été. Dans le salon la chaîne Hi Fi est à plein volume, et Rodolphe exhibe fièrement la pochette de son vinyle de Jan & Dean.

A l'extérieur, dans la cour, Tamara des Konki Duet discute avec Sébastien Roux dont les yeux se mettent à briller quand il chante "Discipline" de Throbbing Gristle. Tamara sourit elle aussi, une kronenbourg à la main. De retour dans la maison, Colleen est assise dans ce que je me rappelle être un large canapé, l'air un peu timide. Yann, l'autre moitié des Ultra Milkmaids, l'encourage : "Mais si, tu t'en fou, ta démo elle est bien, tu l'envoies à un label et ça va le faire⋰ Mais non, ya pas de raisons⋰ jsuis sûr que ça va marcher". Un peu plus loin Sébastien Roux joue frénétiquement un riff de Metallica sur une guitare folk. Enter Sandman, peut être.

Puis quand tout le monde est couché, je me rappelle Rodolphe & Sébastien Roux qui partent au petit jour avec une pelle à poussière en métal, l'air déterminé, pour tenter d'assommer le coq du voisin qui les empêchent de dormir ; et leur mine vaincue quand ils reviennent en bredouillant "' ⋰'tain, le grillage est trop haut".

A Belleville, je monte dans une très haute tour années 70. En peu en dessous du 20e étage, une porte est entre-ouverte sur le palier. Magalie Magne, la petite cinquantaine, souriante, m'accueille : "C'est bien que des jeunes s'intéressent à la musique de Michel." J'entre. "Vous avez 5 min ? Vous voulez un café ?".

Je m'assieds sur une chaise de bureau en bois clair et vinyle vert. Je me présente rapidement et raconte en quelques mots comment j'ai découvert Michel Magne. On parle du Château d'Hérouville, Magalie a vécu là bas quand elle avait 3 ans.

Elle est légèrement à contre-jour. Derrière elle, une vue incroyable sur Paris, s'étend de la Tour Eiffel à gauche jusqu'au Sacré Cœur à droite. Le ciel est orageux en cet après midi de Mai. Il y a quelques années, elle a proposé une exposition à la Cité de la Musique, un peu avant la grande vente aux enchères de 2011. "On m'a fermé la porte" précise t'elle. "Je voulais que les œuvres de mon père soit visibles, pas entreposées dans des réserves. Qu'elles soient vues. Mais maintenant l'exposition est devenue impossible, les œuvres sont dispersées". Je lui demande qui a acheté les œuvres. "Principalement des amis, des musiciens. Il y a même un collectionneur qui en a acheté huit d'un coup".

On parle du livre "L'amour de vivre". Elle m'emmène dans une petite pièce au fond de son appartement et me montre un vinyl rare, l'Interdit sans doute, avec son livret. Il y a aussi un CD de "Musique Tachiste". Elle me montre son exemplaire de "L'amour de vivre" dédicacé par son père. Elle semble heureuse d'évoquer Michel Magne, mais ses souvenirs sont encore vif : "les quatre dernières années il parlait beaucoup de son suicide⋰ Vous vous rendez compte il m'a fait corriger les fautes sur son testament, j'étais toute petite"

Un peu plus tard je suis à genou par terre devant les sérigraphies que je suis venus acheter, je les manipule délicatement, du bout des doigts. Sur le mur il y a un tableau-tressage fait avec des chutes de bandes vierges⋰ ou d'après de vrais master ? "Je ne sais pas trop⋰ il y a beaucoup de légendes⋰ il était fâché pour des problèmes de droits⋰"

On en revient au château, elle me parle de la salle de bain de Michel qui était devenue inutilisable : il projetait des vidéos dans sa baignoire et jetait des boules de peintures sur les murs. On parle des regrets perceptibles dans son livre malgré un ton enjoué parfois un peu forcé, de sa mauvaise entente avec Pierre Henry et de son aversion pour Jean Michel Jarre, qu'il trouvait trop commercial. Mais peut être y avait-il un peu de jalousie aussi⋰ "mon père pouvait être assez intransigeant sur certaines choses".

On parle de ses disques : La Terre. Elle a également un exemplaire de L'Eau. Je lui demande si les deux autres qui étaient prévus, L'Air et le Feu existent ? "Vous savez il y a déjà presque 10 ans entre ces deux disques⋰"

Derrière elle, au loin, des éclairs parcourent le ciel de Paris, c'est beau, doux, et un peu irréel. Le visage de Magalie s'assombrit dans le contre jour. J'y vois certains traits du visage de son père. Encore des éclairs, on dirait que la pluie va s'intensifier. Je dois partir

Quand je passe le pas de la porte, elle ajoute dans un sourire : "Peut être que Michel vous fera signe ?"

Proust et son amant ont décidé de se suicider en sautant dans le trou de ver qui relie les 2 pôles magnétiques. L'un ira se jeter au pôle nord, l'autre au pôle sud.

Je descend dans le petit couloir qui mène aux loges afin d'aller nous réapprovisionner en bières, lorsque je me retrouve face à Genesis P-Orridge qui discute avec un technicien, près d'une petite table recouverte d'une nappe en papier et d'assiettes pleines de bonbons. Le frigo aux bières est au bout du couloir. Je m'avance pour passer entre eux deux, en m'excusant.

De retour les bras chargés de kronenbourg, je m'apprête à reprendre l'étroit couloir quand P-Orridge me bloque le passage en me tendant une assiette en carton pleine de crocodiles Haribo.

"Do you want some sweets Honey ?" me dit il d'une voix sirupeuse. Je suis terrorisé.

On vient d'éteindre la lumière de la salle de conférence. Charlemagne Palestine se met à crier très fort, quatre cris visant les quatre angles de la pièce. Orlan se rapproche de lui. Plus serein, il annonce que l'on peut maintenant rallumer les lumières et commencer la conférence.

Plus tard dans les couloirs, Yann des Ultra Milkmaids l’interpelle. Tout en parlant, Charlemagne attrape le bandana rouge qui dépasse de la poche de sa veste en jean, se mouche dedans, puis le replace.

Aelters de DAT politics vient de terminer son concert. Je crois que je suis avec Sébastien Roux au centre d'art Confluence dans le 19e arrondissement de Paris. J'essaye de m'approcher de Aelters pour lui parler, mais il est constamment interpellé par d'autres visiteurs.

Je le vois partir vers les toilettes, je décide de le suivre pour lui poser enfin ma question. J'entre à sa suite et je me rend compte de ma maladresse lorsque j'aperçois son visage en plein milieux de ces WC livides : "Aelters, c'est bien vous ?"

Je suis au bout du Parc André Citroën, sur le quai pavé qui borde la Seine, et les frères dDamage viennent de commencer leur set. Balançant des samples bruyants, 8-bit, électriques, ils sautent partout et en profitent même pour se filer des coups de lattes.

Quelques mois plus tard, je cherche JB Hanak dans le Point Éphémère et je le trouve accoudé au bar. Nous échangeons quelques mots et je le remercie pour nous avoir donné le contact de James Delleck et de Fuzati.

A demi couché sur un grand tapis recouvert de coussins en toile épaisse couleur brique nous écoutons "Songs for a Room" de Leonard Cohen. Charlotte est belle avec ses grands cheveux noirs se mêlant aux fumées de l'encens qui commencent à embrumer la pièce.

Sa vieille sono restitue parfaitement les basses et la voix hypnotique de Coen.

Je suis assis au bout de la jetée, dos au petit phare. Devant moi il y a des pécheurs dispersés entre les gros blocs de béton brise-lames. Il doit être un peu plus de 16h et je profite d'une peine de cœur pour écouter Kylie Minogue en alternance avec les Beach Boys sur mon walkman. Je suis triste et en même temps infiniment heureux d'écouter ces lamentations suraiguës en plein soleil, face à la mer.

Du coin de l’œil j'aperçois les masses imposantes des bunkers basculés sur le sable.

Speedranch, Jansky Noise & Pita sont sur un espèce de ring. On entend des bruits de cochons qui grognent, déformés par des effets numériques. Puis Pita lance des blips suraigus depuis son laptop.

Je ne savais pas que l'on pouvait jouer de manière aussi violente avec un simple PC.

Il est environ 23h et nous sommes passablement éméché, mon frère et moi. Chicks on Speed enchaînent les morceaux sur cet espèce de ring de boxe, dans leurs tenues faites de plastique colorés. We dont play guitar, c'est vrai, mais ce soir là, elles ont l’énergie du King.

Arrivés dans la pénombre de la grande cour de l'Usine, nous descendons quelques marches menant à une petite porte métallique. Je n'ai plus de souvenirs du set de FX randomiz, et peu de celui de Matthew Herbert écrasant des gobelets en plastiques devant un micro et qui reprend leur son, en boucle, pour créer ses rythmiques.

Mais la vrai révélation arrive avec Mouse on Mars : en plus de leurs laptop ils ont une basse et une batterie. Et pendant que Charlotte s'endort sur la petite estrade juste à coté de moi on se met tous debout pour danser sur leurs chansons électroniques bizarres et groovy.

Je suis sur la piste de danse de l'Anfer avec Eric. Deux jolies jeunes filles, l'une en robe blanche, l'autre en robe noire, tournent autour de nous. Richie Hawtin tient la salle au creux de ses micro boucles tendues. Eric danse étrangement, les deux majeurs appuyés sur les tempes, comme une sorte de télépathe qui cherche à s'accorder aux ondes sensuelles de la pièce. En pleine extase.

Je cours dans les rues d'Anekbah la nuit à la recherche de flyers des prochains concerts secrets de l'avatar de David Bowie. Avec mon frère, nous passons trop de temps dans les bars ou il y a des strip-teaseuses numériques qui se déhanchent étrangement.

Plus tard nous arrivons devant les hauts murs et les portes étincelantes de Jaunpur.

Je suis à l'@thénuem, dans le bar qui jouxte la salle de concert. Devant nous au bar, il y a Mika Vaino et Ilpo Vaisanen de Pan Sonic, qui boivent des vodka glace dans leurs vestes paramilitaires. Ils ont l'air plutôt austères. Je suis impressionné par la grande tignasse genre Brian Jones de Mika Vainio. J'espère "Vapina". Pendant le concert, dans une lumière bleue uniforme, très indus, il n'y a aucun mouvement juste des BPM ennuyeux.

Schneider TM montent maintenant sur scène. J'ai en tête leur premier album que je n'aime pas tellement, mais ce soir ils sont venus jouer Zoomer. Ce sera la stricte antithèse de Pan Sonic : pop, complexe, joyeux et entraînant.

Cet été je me rend chaque soir à la fête foraine à un peu plus d'un kilomètre du camping. Je n'aime pas trop les attractions qui secouent dans tous les sens, et pendant que mes amis font un tour de manège, le bateau pirate ou le train fantôme, je reste devant les attractions et j'écoute les basses de "Strong Enough" de Cher diffusées à plein volume.

Un peu plus loin, je suis fasciné par le stand de la femme sans tête. Je reste de longues minutes à écouter les commentaires du speaker qui sortent de la petite cabane sombre - "Elle est sans tête et pourtant elle est en vie ! Approchez vous, n'ayez pas peur, elle répondra à toutes vos questions. ⋰.Oui, vous pouvez la toucher" - tout en observant les peintures maladroites la représentant : dans des teintes nuit, violette et rouge on voit son corps provoquant surmonté d'une sphère hérissée d'éclairs.

"Elle est sans tête et pourtant elle vit ! Approchez vous ⋰"

Après le concert de Coil au Lieu Unique, avec Fred Bigot, Vert, Schlammpetzeiger et Anne Laplantine on discute en buvant des bières assis par terre dans un coin de la grande salle. Au milieu de la pièce, sur des tables un grand buffet est servi. Mon frère et moi, nous apercevons John Balance, Peter Christopherson et Thighpaulsandra faire le tour et se servir de salade de riz. On fonce se mettre dans la file juste derrière eux.

Mon frère suit Christopherson, je suis mon frère. On est un peu bourré, on raconte des conneries à voix basses, content de nous. Christopherson prend des œufs durs, mon frère se retourne pour me glisser une nouvelle blague approximative, quand je le vois blêmir lorsque Christopherson se retourne à son tour. Mon frère en avançant sans regarder vient de lui piquer l'avant bras avec sa fourchette en plastique. Il tente quelques excuses maladroites qui font sourire Christopherson.

Je demande à FX randomiz s'il a eut le temps d'écouter les albums que je lui ai donné l'année précédente ? Il me répond qu'il s'en rappelle très bien - ils sont par terre au milieu de son salon - mais qu'ils ne les a pas encore ouverts.

La discussion dévie sur la fabrication de ses sonorités étranges : raye t'il des CDs ou les recouvre t'il de couches de vernis ?

Aucune de ses techniques, c'est peut être Oval qui fait ça ; lui utilise le logiciel Reaktor. Il ajoute avec un air malicieux, qu'il regarde fréquemment des lives de Prince à la TV en faisant sa musique.

Nous sommes dans les couloirs d'un Hopital Psychiatrique désaffecté, à la sortie de Dijon. Après avoir exploré le bâtiment, nous nous sommes réfugié dans la cuisine sombre, à demi enterrée. Nous avons des enregistreurs DAT et on tape sur les tables, avec tout ce qu'on trouve, en rythme. Une cacophonie tribale contre les esprits. Yann a pris des photos. Deux d'entre d'elles font la pochette de Escaped From Room 7.

Je me souviens qu'en sortant à la tombée de la nuit, juste devant la voiture, Brice, un des skaters nous dit qu'il n'a plus les clefs. Qu'il faut retourner là dedans pour aller les chercher. Il fouille et refouille dans son pantalon militaire. Rien. Puis un grand sourire : "Mais non je déconne ! Elles sont là !" ⋰peut être la frousse de ma vie.

<00> THE ULTIMATE ICEBREAKER
<01> ELVIS LIVES IN THE NET
<02> THESE HANDS
<03> ROSES ARE RED. BLOOD RED.
<04> LOST IN TRANSLATION
<05> PLOT_DUMP.TXT
<06> THE_HOMELESS.BIN
<07> COPY & PASTE
<08> TOO MUCH, TOO MUCH
<09> THE FUN STOPS HERE
<10> THE TRANSTECH RAID
<11> NO GODS NO UIWVMXW
<12> FLYER IT UP
<13> SEXLESS OLD WOMEN
<14> A BUG IN THE WEB
<15> CATAL HYUCK
<16> THE TRUTH
<17> OH MY HEART
<18> BECAUSE WE HATE ENDINGS

Ce qui fait le sublime de ces anciens héros, c'est leur ignorance même, leur aveugle courage, leur résolution désespérée. Ils ne connaissaient rien à la mer, bravaient d'effrayants phénomènes dont ils ne soupçonnaient pas la cause. Ils ne savaient pas mieux le ciel. La boussole fut tout leur bagage. Nul de ces instruments physiques qui nous guident et nous parlent en langage si précis. Ils allaient comme les yeux fermés et dans la nuit.

Ils étaient effrayés, ils le disent eux-mêmes, mais n'en démordaient pas. Les tempêtes de mer, les tourbillons de l'air, les tragiques dialogues de ces deux océans, les orages magnétiques qu'on appelle aurores boréales, toute cette fantasmagorie leur semblait la fureur de la nature troublée et irritée, la lutte des démons.

Michelet, La Mer

Délaissant deux ânes au lainage épais sur notre droite,

nous descendons le petit sentier

au milieu des arbres

ʭʭ ʭʭʭʭ ʭʭ ʭʭ ʭʭʭ ʭ ʭʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ ʭ

le brouillard est dense

les troncs sombres, humides

les aiguilles de pins, brunissent au sol

ζ ζ ζ ζ ζ ζ ζ ζ ζ

levant la tête

il nous semble arriver au bout du monde

en face de nous, rien

qu'un gigantesque nuage sans haut ni bas

rien

de petites racines apparaissent

je m'approche ; elles plongent dans l'eau

froide

ʎ ʎ ʎ ʎ ʎ ʎ ʎ ʎ ʎ ʎ

un lac presque invisible

au bord de l'ailleurs

je ne sais pas si on peut encore avancer

donc

quelques pas en arrière

je prends une photo

ʘ

charlotte & anaé de dos

se tiennent la main

manteau orange, manteau matelassé

devant elles, un blanc infini

un vide, liquide

nos bouches ajoutent aux brouillards

pas même un clapotis

il n'y a que nos corps

sur la berge de sable

sous la surface de l'eau, les algues

≃ ≃≃ ≃ ≃ ≃ ≃

des choses décomposées,

et de petits cailloux

⋰ ⋮ ⋮

un lieu ⋊ un présent

non pas ici ⋊ demain,

non pas là bas ⋊ aujourd'hui

Puis,

quelques bruits

ƹ ƹ ƹƹ

une lumière parfumée ⋰